RENCONTRES MORTELLES

Publié le 16 Avril 2014

La jeune femme se blottit contre le mur. Elle grelottait de froid et de douleur.

- S’il te plait, ne me fais plus de mal. Je ferai tout ce que tu voudras.

- Vraiment ?

L’homme lui tournait le dos. Elle songea à fuir. Elle voulait courir hors de ce hangar, fuir ce cauchemar mais ses forces et sa volonté l’abandonnèrent. L’homme se retourna.

- Je n’ai plus de raison de te faire du mal, j’ai tout ce que je voulais. Tiens, bois !

Il lui tendit un verre d’alcool. Elle détourna la tête

- Tu vois, tu ne tiens pas tes promesses. Tu es vraiment comme toutes les autres. Allons ! Bois !

La jeune femme prit le verre. Une vague de chaleur envahit son corps meurtri.

- Tu vas voir. Tout va bien aller maintenant.

- Qu’est-ce que… ?

Elle sombra dans l’inconscience…

Antoine Plantier réprima un haut-le-cœur et referma la housse blanche. Ce qu’il venait de voir dépassait en horreur tout ce qu’il avait vu jusque- là. Il plongea son regard dans celui du légiste.

- Je ne peux rien vous dire pour le moment, Antoine, si ce n’est que cette pauvre fille a dû énormément souffrir.

- C’est la troisième en quelques mois, Doc. Et j’ai l’impression que c’est pire à chaque fois.

- C’est aussi ce que je pense. Le tueur, s’il s’agit d’un tueur unique, va de plus en plus loin. Je ne suis pas expert en psychiatrie mais je pense qu’il a passé un cap dans sa folie…

- Et il accélère aussi. De plus, ce type est peut- être fou mais il est méticuleux. Nous n’avons rien. Pas une trace !

- Commissaire ! Venez-voir !

Plantier suivi l’agent dans les bosquets. A quelques dizaines de mètres du corps, les policiers venaient de trouver un sac poubelle rempli de vêtements. Le commissaire les examina avec attention puis donna quelques consignes avant de rejoindre son adjoint. Les deux hommes montèrent en voiture.

Plantier conduisait sans dire un mot, mâchoire serrée. Maurel, son adjoint l’observait du coin de l’œil.

- Tu n’as pas décroché un mot depuis qu’on est partis. A quoi penses-tu ?

- A une affaire similaire qui s’est déroulée à Paris, il y a quelques années. Le type a assassiné six femmes sans qu’on puisse le coincer et une de ses victimes était une collègue et une amie, très chère.

- Je vois. C’est pour ça que tu t’es fait muter en province ?

- Non, ça n’a rien à voir !

- Tu me racontes ? Tu ne m’en as jamais parlé depuis que tu es arrivé ici.

Plantier soupira et crispa un peu plus ses doigts sur le volant.

- C’est vrai ! Mais je n’aime pas parler de cette histoire. Voilà, en enquêtant sur le meurtre d’un petit malfrat, je suis tombé sur un gros trafic de drogue. Les stups ont repris l’affaire et ils ont merdé lamentablement. Il y a eu du dégât chez nous et ce que nous appelons pudiquement des dommages collatéraux. Tu me connais, je ne me suis pas gêné pour dire ce que j'en pensais et ça n’a pas plu à ma hiérarchie. Trois mois après, j’arrivais ici. Mais revenons à notre affaire.

- Tu crois qu’il s’agit du même type ?

- Si ce n’est pas lui, c’est quand même drôlement bien imité. Je vais contacter le collègue qui suivait l’enquête avec moi à Paris et lui demander le dossier. Toi, tu me fouilles le passé de ces trois filles, je veux tout savoir sur elles. Cherche tout ce qu’elles pourraient avoir en commun.

Plantier s’enferma dans son bureau et se cala dans son fauteuil. Il sortit un petit carnet noir d’un tiroir et composa un numéro. La conversation fut longue. Lorsqu’il raccrocha, le commissaire était livide.

Estelle Laforge remis sa coiffure en ordre et sortit de l’ascenseur. Elle prit la direction du parc situé en face de la banque où elle travaillait pour y prendre sa pause déjeuner. Son roman sous le bras, elle sortit de l’immeuble et prit la direction du parc. Comme d’habitude, elle ne prêtait guère attention à ce qui l’entourait. Pourtant, en passant devant le kiosque à journaux, elle se figea. Les quotidiens, et surtout les locaux, faisaient tous leur une sur la découverte du cadavre mutilé d’une jeune femme. Estelle acheta plusieurs journaux. Tout en déjeunant, elle lut tous les articles concernant l’affaire. Absorbée, concentrée sur sa lecture, elle faillit même manquer l’heure du retour au bureau.

Le soir, en rentrant chez elle, Estelle se précipita sur son ordinateur. Elle était une passionnée de romans policiers et, pour chacun de ceux qu’elle lisait, notait ses commentaires et un résumé de l’histoire. Après avoir fouillé dans ses fichiers, elle finit par trouver ce qu’elle cherchait. Un roman lu quelques mois auparavant qui parlait d’un tueur en série s’en prenant aux femmes. Elle le trouva dans sa bibliothèque et se plongea dedans. Elle passa toute la soirée puis toute la nuit à lire et prendre des notes. Lorsque le petit matin la surprit, elle avait pris sa décision. Elle allait mener sa propre enquête. Elle appela son bureau pour dire qu’elle serait absente et pris quelques heures de repos.

Antoine Plantier rangea la chemise qu’il venait de consulter dans le carton. Ses doigts effleurèrent le dernier dossier mais il ne le prit pas. Il connaissait trop bien son contenu. Dans la nuit, ses collègues de Paris lui avaient fait parvenir tous les documents concernant le tueur en série. Plantier colla la photo de la victime dont il venait d’étudier le dossier sur le tableau de son bureau. Il s’assit et ouvrit le dernier tiroir, celui qu’il gardait toujours fermé à clef. Il sortit la bouteille de whisky et se servit un verre qu’il avala d’un trait. Il composa un numéro sur son portable.

- Monsieur Lefranc ?

- Oui. Bonsoir Antoine.

- Comment…

- Vous avez votre voix des mauvais jours, la même que celle que vous aviez le soir où vous êtes venu nous annoncer la mort de Corinne. Une voix que je n’oublierai jamais.

- Je suis désolé, Henri. Comment va votre femme ?

- Toujours pareil. Elle ne parle plus depuis ce soir- là. Antoine…

- Oui ?

- Vous n’avez pas à être désolé. Vous avez fait de votre mieux avec votre équipe et ma fille est morte en faisant son travail et son devoir. Qu’y a-t-il Antoine ?

- Nous avons un tueur, ici. Même mode opératoire, même façon de dépecer les victimes. Je suis persuadé que c’est lui. Mais, cette fois-ci…

- Cette fois-ci, faites en sorte qu’il ne puisse jamais recommencer, qu’il ne puisse jamais refaire à une femme, ce qu’il a fait ma fille ! Ce n’est pas le citoyen qui vous demande ça. C’est le père de Corinne. Vous comprenez ?

- Je comprends. Je comprends très bien. Je ferai le nécessaire, je vous le promets. Bonne journée Henri.

- Bon courage, Antoine.

Plantier raccrocha. Corinne Lefranc était lieutenant et faisait partie de son équipe, à Paris. C’était une jeune femme charmante, pétillante. Ils étaient devenus amants, très rapidement. Lorsque le tueur avait entamé sa morbide série, la jeune femme avait accepté de servir d’appât. Elle avait été sa dernière victime. Il l’avait démasquée et assassinée avant de disparaitre… Le commissaire se servit un autre verre et s’approcha du tableau.

- Dis-moi, Salopard ! Dis-moi comment tu les rencontres. Dis-moi comment tu les séduis.

Il passa le reste de la matinée enfermé dans son bureau. Lorsqu’il en sortit, il avait, à défaut de certitudes, son idée sur ces questions. Maurel, son adjoint, resta bouche bée devant ses yeux fous et sa mine défaite. Pour sûr, son chef n’avait pas dû beaucoup dormir. Plantier réunit son équipe et donna ses consignes.

Trois jours avaient passé. Estelle avait repris son travail mais n’arrivait pas à se concentrer. Elle était toute à son enquête. A force d’y réfléchir, elle était arrivée à la conclusion que le tueur devait rencontrer ses victimes dans des lieux publics. Mais où ? En boite de nuit ? Non, ce type devait avoir horreur de ces lieux-là. Dans le bus ? Non plus. Ce n’était pas l’endroit idéal pour séduire une jeune femme, les autres passagers étaient trop proches et susceptibles d’écouter les conversations autour d’eux. Un café ? Mais oui ! Même s’il y avait du monde, les clients étaient souvent seuls ou, dans le cas contraire, occupés par leurs propres conversations. Et puis, qui se serait étonné de voir un type draguer une jeune femme seule ? C’était sûrement là, dans un de ces endroits à la fois si fréquentés et si solitaires qu’il chassait. Mais lequel ? Il y en avait une vingtaine, rien que dans le centre- ville. Comme souvent, elle refusa une ou deux invitations de ses collègues et rentra chez elle. A en croire ceux qu’elle avait fréquentés, elle était une jolie femme, une de celles qui ne laissent pas les hommes indifférents. Elle était très appréciée de ses collègues et de ses amis pour sa droiture, sa gentillesse et l’aide qu’elle apportait à tous. Pourtant, la trentaine passée, elle était encore célibataire, au grand dam de sa mère. Mais, la vie de couple lui faisait peur et, chaque fois qu’un de ses amoureux avait fait le grand saut et demandé de partager sa vie, elle avait fui. Une fois chez elle, la jeune femme établit son plan d’action. Elle rédigea une liste des bars de la ville et décida de les visiter, un par un.

Le lendemain, elle s’habilla, une tenue assez discrète. Elle était jolie, elle savait que cela lui suffirait à se faire remarquer, ce n’était pas la peine d’en rajouter. En fin de matinée, elle s’installa à la terrasse du premier bar de sa liste, commanda un thé. Son livre à la main, elle attendit tout en surveillant du coin de l’œil les allées et venues. Elle quitta la terrasse presque une heure plus tard, sans avoir été abordée. Toute la journée, elle passa de longues heures à la terrasse des cafés. Elle rentra chez elle. Six noms de sa liste étaient rayés mais elle était toujours bredouille. Peut-être s’était-elle trompée ? Elle songea à une solution qu’elle n’avait pas envisagée jusque-là. Et si le tueur recrutait ses victimes sur internet ? Le réseau foisonnait de sites de rencontres et de sites proposant des sorties. La jeune femme décida d’aller au bout de son idée et de continuer à suivre sa liste de bars. Si cela ne donnait rien, elle essaierait autre chose.

Plantier tournait en rond dans son bureau. Les surveillances qu’il avait mises en place depuis trois jours ne donnaient rien. Et le tueur avait peut-être déjà trouvé une autre victime. Le jeune commissaire essayait de comprendre son mode de fonctionnement, la façon dont il les approchait et les conduisait vers la mort. Le téléphone sonna.

- Bonjour Doc. Vous n’êtes pas en weekend ?

- Je suis de garde. De toute façon, je ne serais pas parti. J’ai du nouveau pour vous, Antoine.

- Je vous écoute.

- La jeune femme que nous avons retrouvée a été droguée avant d’être violée et tuée. Elle avait absorbé un mélange sédatif très puissant et dont l’effet a dû être instantané. J’ai vérifié les analyses faites sur les autres victimes, elles avaient toutes le même mélange dans le sang.

- Nous avons donc affaire à un seul tueur. C’est à la fois rassurant et inquiétant.

- Maurel m’a expliqué, pour Paris. Je suis sincèrement navré Antoine.

- C’est la vie, Doc. Elle est bien souvent cruelle.

Le commissaire s’efforça de chasser les terribles images qui défilaient devant ses yeux.

- Vous avez autre chose ?

- Oui. La jeune femme a été torturée, sûrement avant d’être droguée. J’ai trouvé des traces de coups et de brûlures sur son corps. Et puis, j’ai longuement observé les découpes sur les corps…

- Vous faites un foutu métier de merde, quand même !

- Je sais. Mais je l’aime, ce métier, voyez-vous. Voilà ce que je déduis de mes observations : Votre type utilise un instrument du type « couteau de boucher ». Une longue lame très effilée, en tout cas. Mais…

- Mais quoi ?

- Il est sûrement boucher ou alors, il connait parfaitement l’anatomie. Les découpes sont faites de manière quasi « chirurgicale ». Il n’y a aucune trace de lame sur les os des victimes.

- Donc, si je résume, nous avons affaire à un malade qui torture et drogue ses victimes avant de les violer et de les tuer et manie le couteau avec une dextérité machiavélique. Le seul point positif dans cette histoire, c’est qu’il tue ses victimes avant de les couper en morceaux.

- Je ne le crois pas si malade que ça. Certes, il a un besoin irrépressible de tuer mais son mode opératoire, les précautions qu’il prend, me font penser que nous avons affaire à quelqu’un de très intelligent et, comme beaucoup de tueurs en série, de très narcissique.

- Narcissique ?

- Vous vous souvenez des endroits où on a trouvé les corps ? Des lieux suffisamment fréquentés pour qu’on les découvre rapidement. Ce type veut qu’on retrouve ses « œuvres » et qu’on en parle. Peut-être que si l’on arrête de parler de lui, il ralentira le rythme de ses crimes…

- Ou il accélèrera. C’est un risque que je ne peux pas courir, Doc.

- Je vous comprends. C’était juste une idée, comme ça. Je vais contacter mon confrère parisien pour qu’il m’envoie ses rapports. Essayez de vous reposer, Antoine.

- Merci pour tout docteur.

- Pas de quoi. Ah, une dernière chose…

- Quoi ?

- Ne forcez pas trop sur le whisky.

Plantier raccrocha. Comment ce diable de toubib pouvait-il savoir ? Le commissaire consulta sa montre et rentra chez lui. Il avait besoin de repos.

Estelle Laforge s’installa à la terrasse du Sénéchal, le plus grand café de la ville. Cela faisait trois jours qu’elle attendait en vain. De plus en plus, elle pensait que son idée n’était pas la bonne. Elle se plongea dans son livre, sans remarquer l’homme de l’autre côté de la rue.

- Vous permettez Mademoiselle ?

Estelle leva les yeux. L’homme était un peu plus âgé qu’elle. Sobrement mais élégamment habillé, il était grand et bien bâti. Son regard avait quelque chose de magnétique. Elle lui adressa un sourire.

- Oui, je vous en prie.

L’homme s’installa en face d’elle. Il héla un garçon

- Votre tasse est vide. Vous reprenez quelque chose ?

- Je veux bien un autre thé, merci.

- C’est avec plaisir. Mademoiselle ?

- Estelle ! Estelle Laforge.

- Vincent Ducret, enchanté.

Il passa commande, jeta un coup d’œil autour de lui puis sur le livre posé sur la table.

- Vous lisez Katherine Pancol ?

- Oui. J’aime beaucoup ses romans et son écriture.

- J’aime beaucoup aussi. Je trouve dommage que l’on n’ait pas encore adapté un de ses livres au cinéma.

- C’est bien dommage, en effet. Mais cela viendra peut-être…

Ils discutèrent un long moment. L’homme était très cultivé et parlait avec beaucoup d’aisance de littérature ou de cinéma. Bien que sur ses gardes, la jeune femme fut séduite. Le regard de l’homme assis en face d’elle la fascinait. Elle était sous le charme. Vincent Ducret était un homme agréable. S’il s’agissait d’un tueur, il cachait bien son jeu. Au bout d’un long moment, il lui proposa d’aller faire une promenade sur le bord de la rivière. Elle accepta mais, en rangeant son livre, elle s’assura que sa bombe anti-agression était bien dans son sac et, prétextant de consulter ses messages, elle composa le 17 sur l’écran de son téléphone. Si les choses tournaient mal, elle n’aurait plus qu’à appuyer sur la touche d’appel. La promenade sous le soleil printanier fut agréable mais Estelle restait sur ses gardes et quand l’homme passa son bras autour de sa taille, elle sentit un frisson courir le long de son dos. Masquant son trouble comme elle le pouvait, elle se rassura en se disant que l’endroit était très fréquenté et que l’homme, s’il s’agissait de celui qu’elle cherchait, ne tenterait rien. Il se contenta de la tenir par la taille et, à la fin de leur promenade, ils échangèrent leurs numéros de téléphone en se promettant de se revoir. Estelle Laforge rentra chez elle, ouvrit son ordinateur et nota ce qui s’était passé dans l’après-midi.

Maurel trépignait et attendait avec impatience l’arrivée de son chef. Lorsque Plantier arriva, il lui sauta dessus.

- Antoine ! J’ai du nouveau !

- Salut Maurel. Pas ici. Viens dans mon bureau.

Les deux hommes entrèrent dans la pièce. Le commissaire s’installa derrière son bureau.

- Je t’écoute.

- J’ai cherché ce que tu m’avais demandé. Manifestement, ces trois femmes ne se connaissaient pas. Leur seul point commun était d’avoir à peu près le même âge…

- Alors ? C’est ça qui te met dans cet état ?

- Non ! Je suis allé fouiner un peu plus loin, dans leurs relevés téléphoniques, au hasard…

- Ah, le fameux hasard ! Celui qui fait si bien les choses…

- Très drôle. Figures- toi que, dans le mois qui a précédé leur mort, ces femmes ont souvent échangé des messages et des appels avec des numéros…

- Des numéros ? Ce type utilise donc des cartes prépayées ou alors, il a plusieurs abonnements…

- Ce sont des cartes. J’ai vérifié auprès des fournisseurs d’accès. Ces numéros ne correspondent à aucun forfait.

- Putain de merde ! Ce type pense vraiment à tout ! Joli travail quand même, Maurel.

- Attends, ce n’est pas tout. Figures-toi que tous les comptes des victimes ont été vidés, quelques heures après leur mort, si j’en crois les rapports du légiste. Et toutes les opérations ont été faites à partir de distributeurs automatiques.

- Je vais faire élever un monument à ta gloire, Maurel ! Bien. Je suppose que tu sais aussi quand ces opérations ont été faites. Demandes aux banques de nous passer les bandes vidéo de leurs distributeurs. Avec un peu de chance, on verra à quoi ressemble ce salopard. Et pas un mot à qui que ce soit, en dehors de l’équipe !

- C’est comme si c’était fait, chef !

- Je vais à la morgue. Le toubib vient de me biper.

Plantier prit sa voiture. Un petit sourire se dessinait sur ses lèvres. Enfin, il avait une piste. Il arriva assez rapidement à la morgue.

- Salut Doc. Du nouveau ?

- Oui. Mon confrère de Paris m’a confirmé que les victimes qu’il avait autopsiées avaient bien été droguées et avec le même mélange.

- Mais comment fait-il pour se procurer ces produits ?

- Vous savez, c’est assez simple. Il suffit de se faire prescrire un somnifère et d’y ajouter quelques médicaments de base, en vente libre, ceux-là, de trouver la bonne combinaison et le tour est joué. Ce type est un malin et il a sûrement longuement étudié la question avant de se lancer dans sa danse macabre.

- Autre chose ?

- Oui, j’ai identifié la dernière victime, grâce à ses dents. J’ai fait prévenir les parents. Vous voulez être là ?

Plantier se remémora le soir où il avait annoncé la mort de leur fille aux Lefranc. Il ferma les yeux un instant.

- Si ça ne vous ennuie pas, docteur…

- Non, j’ai l’habitude.

- Dites- leur que je les recevrai au commissariat.

- Ce sera fait. Antoine ?

- Oui

- Vous l’aimiez beaucoup ?

- J’étais fou amoureux d’elle !

- Je comprends. Si vous voulez en parler…

- Merci, Doc. Ca va aller.

- Vous avez du nouveau ?

- Un début de piste, je ne peux pas vous en dire plus.

Plantier lança un coup d’œil vers l’assistant qui, derrière eux, nettoyait du matériel.

- D’accord. Je vous envoie mon rapport par mail.

Le commissaire rentra à son bureau. En chemin, il songea que le tueur était peut-être devenu trop sûr de lui et qu’il commençait à faire des erreurs. Il prit aussi une décision, importante.

Trois semaines avaient passé. Estelle finit de relire ses notes. Elle était de plus en plus persuadée que l’homme qu’elle fréquentait était le monstre que tout le monde recherchait. Oh, bien sûr, il était gentil, attentionné mais ce n’était pas le grand amour. Plusieurs choses clochaient et la dérangeaient. La première fois qu’elle était allée chez lui, elle avait remarqué que le nom inscrit sur la sonnette n’était pas « Ducret ». Il l’avait regardé avec méfiance. Légèrement décontenancé, il lui avait expliqué qu’il s’agissait du nom de l’ancien locataire et qu’il n’avait pas pensé à le changer. Or, elle avait tout de suite vu qu’il était très méticuleux et organisé, presque maniaque. Cet oubli l’intriguait. Une autre chose la gênait. S’il se montrait charmeur, Vincent était plutôt poussif lorsqu’ils faisaient l’amour. Il était brusque et maladroit. Elle avait essayé beaucoup d’astuces, se montrant tour à tour tendre et coquine, le guidant dans ses gestes pour le rendre plus habile et l’éveiller un peu plus mais rien n’y avait fait. Il était resté un piteux amant excepté le soir, où, fatiguée, elle avait tenté de le repousser… Il s’était alors montré beaucoup plus entreprenant. Elle ferma son ordinateur et regarda sa montre. Elle avait juste le temps de se préparer. Elle rejoignit Ducret au Sénéchal, le bar dans lequel ils s’étaient rencontrés.

- Bonsoir Vincent

- Bonsoir Estelle. Tu as passé une bonne journée ?

- Oui. J’ai eu beaucoup de travail. Je peux te poser une question ?

- Dis toujours…

- Pourquoi voulais-tu qu’on se retrouve ici ? Nous n’avons rien à fêter.

- Non. Mais l’idée me plaisait bien. Après, on ira au cinéma, si tu veux. J’aimerais bien aller voir ce film sur le Vendée Globe. Ca te dit ?

- Tu as envie de grands espaces ? Oui, allons voir ce film.

Plantier entra dans la salle du Sénéchal. Il était dépité. Les surveillances des lieux publics qu’il avait mises en place n’avaient rien donné. Quant aux bandes vidéo, elles n’avaient fait que confirmer ce qu’il pensait. Le tueur pensait à tout et se présentait grimé aux distributeurs. Il était impossible d’en faire un portrait- robot. Le commissaire jeta un coup d’œil circulaire sur la salle. Il repéra immédiatement le couple. La jeune femme était ravissante mais son instinct de flic le fit se concentrer sur l’homme. Son comportement était bizarre. Il paraissait inquiet et ne cessait de regarder autour de lui. Plantier, de plus en plus intrigué, s’installa à une table d’où il pouvait l’observer discrètement et, avec son téléphone portable, pris quelques photos. Lorsque le couple quitta la salle, il les suivit. Lorsqu’ils montèrent en voiture, il fit mine d’envoyer un sms. En fait, il nota le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule. Sa voiture était garée bien trop loin pour qu’il puisse se lancer dans une filature. Il laissa le couple partir et composa un numéro.

- Vernier ? C’est Antoine Plantier. Comment vas-tu ?

- Salut ! Je vais bien, merci. Mais je suppose que tu ne m’as pas appelé pour prendre de mes nouvelles.

- Tu peux me renseigner sur un numéro de plaque ? Propriétaire, adresse, la totale, quoi.

- Oui, je peux. Mais j’ai une panne de réseau informatique. Je te tiens au courant dès que possible.

- Ok. Merci vieux.

Plantier raccrocha et rentra chez lui. La chance venait peut-être de tourner…

Après la soirée au cinéma puis au restaurant, Estelle décida de passer la nuit chez son compagnon. Une fois de plus, elle prétexta d’être fatiguée et tenta de repousser ses avances. Ducret se montra encore plus autoritaire, presque violent. La jeune femme pris peur. Elle ne dormit pas cette nuit- là. Le lendemain matin, Ducret se leva et se prépara.

- Tu ne te lèves pas ?

- J’ai une affreuse migraine. Je vais dormir encore un peu. J’appellerai le bureau pour leur dire que je n’y vais pas.

- Comme tu voudras. Reposes-toi tant que tu veux. Il faut que je file. A ce soir.

- A ce soir.

Il l’embrassa et sortit. Estelle s’assura qu’il était bien parti et se mit à faire le tour de l’appartement. Elle ne savait pas exactement où et quoi chercher. Elle espérait juste trouver une trace d’une de ces filles assassinées. Elle ouvrit méthodiquement tous les meubles du salon et de la chambre. En repassant dans l’entrée, elle se figea devant le grand placard. Elle eut beau chercher dans sa mémoire, elle ne se souvenait pas que Ducret l’ait ouvert devant elle. Un curieux mélange d’excitation et d’inquiétude l’envahit. Elle posa sa main sur la poignée. La porte était verrouillée. Elle se souvint d’avoir vu des clefs au fond d’un pot, dans le salon. Elle les prit. La troisième fut la bonne et le placard s’ouvrit. Estelle commença par ouvrir la boite qui se trouvait à ses pieds. Elle contenait des perruques, des fausses barbes. Dans un étui, la jeune femme trouva des lentilles colorées. Elle essaya, tant bien que mal, de maitriser ses tremblements et remis tout en place avant de passer à l’inspection du carton à chaussures qui se trouvait sur l’étagère. Il contenait des carnets. Elle les ouvrit et les lut, les uns après les autres, terrifiée par ce qu’elle découvrait. Vincent avait tout noté à propos de ses victimes, tout ce qu’il avait fait avec elles, leurs préférences sexuelles, leurs façons de s’habiller et, sur les dernières pages, avec beaucoup de détails, le récit de leur dernières heures. Elle ouvrit le dernier carnet, celui qui la concernait et le lut avec attention. Elle resta un long moment, assise sur la moquette, incapable de bouger. Elle finit par sortir de sa torpeur et consulta sa montre. La journée était déjà bien avancée. Elle remit tout en place et referma le placard. Elle ramassa un bout de papier tombé sur la moquette et le jeta. Elle prit son portable et composa le numéro du commissariat et demanda à parler au responsable de l’enquête sur le tueur. Le planton la redirigea vers le poste du commissaire. Il y eut plusieurs sonneries puis un cliquetis :

- Bonjour, vous êtes sur le poste du commissaire Plantier. Laissez-moi votre message et vos coordonnées. Je vous rappellerai le plus rapidement possible.

Elle attendit le bip.

- Bonjour Commissaire. Mon nom est Estelle Laforge. Je sais qui est votre tueur. Rappelez-moi de toute urgence.

Elle laissa son numéro et raccrocha. Un quart d’heure plus tard, Ducret rentra.

- Tu vas mieux ?

- Oui. Je me suis reposée et ma migraine est passée.

- Bien. Tu as envie de faire quelque chose ce soir ?

- Je vais aller prendre une douche, m’habiller et y réfléchir.

- D’accord. A tout de suite.

Elle disparut dans la salle de bains. Ducret se dirigea vers l’entrée et inspecta la porte du placard. Son examen le conforta sa première impression. Il revint dans le salon et prit le portable d’Estelle. Il ouvrit le journal d’appels. Sa mâchoire se crispa et son regard devint noir.

- Voilà, je suis prête !

- Tu es belle comme tout ! Si nous allions faire un tour ? Je connais un joli point de vue sur la ville. Avec le temps qu’il fait aujourd’hui, le couchant sera magnifique.

La jeune femme frissonna.

- Hum, D’accord. Mais ne rentrons pas trop tard. Je suis encore un peu fatiguée.

Plantier avait garé sa voiture dans la rue, à quelques mètres de l’immeuble où habitait l’homme. En début d’après-midi, son collègue de l’identification judiciaire lui avait fait parvenir un topo sur son suspect. Le commissaire le vit arriver et entrer dans le bâtiment, puis en ressortir, un moment plus tard, en compagnie de la jeune femme brune qu’il avait vue la veille. Le couple monta en voiture. Plantier démarra derrière eux et les suivit à distance.

Vincent Ducret conduisait sans dire un mot. Il sortit de la ville et s’engagea dans une zone industrielle.

- Où allons-nous ?

- Je te l’ai dit, il me semble.

- Ca suffit, Vincent. Laisses-moi descendre !

Il se contenta de vérifier que le verrouillage des portes était bien enclenché. Il accéléra en voyant un camion pointer son nez à la sortie d’un entrepôt. Plantier le vit aussi mais dut s’arrêter pour le laisser manœuvrer. Le chauffeur dut s’y prendre à plusieurs reprises pour extraire le véhicule jusque dans la rue.

Ducret s’engagea dans la cour d’un entrepôt et gara sa voiture à l’abri des regards. Il descendit et ouvrit la portière côté passager. Il saisit Estelle par le bras.

- Descends !

Il conduisit la jeune femme jusqu’à l’entrepôt, la poussa à l’intérieur et la conduisit vers le fond du bâtiment. Estelle était terrorisée mais tenta de ne pas le montrer.

- Où sommes-nous ?

- A l’endroit que tu cherchais, petite fouineuse !

- Mais…

- J’ai tout de suite vu que tu avais fouillé chez moi et ouvert le placard de l’entrée. Tu as oublié que je suis quelqu’un de très méticuleux et de très précautionneux.

- Tu ne t’en tireras pas comme ça !

- Oh, je sais que tu as appelé les flics. Mais ils ne te trouveront pas. Au fait, j’ai éteint ton téléphone. Quant à la bombe anti- agressions que tu caches dans ton sac, ne penses même pas à l’utiliser.

Ils arrivèrent dans un grand atelier désaffecté. La jeune femme repéra la barre métallique posée contre le mur. Elle parvint à se dégager et couru pour s’en emparer. Elle se retourna face à Ducret.

- Ne t’approche pas !

Ducret ricana et s’avança vers la jeune femme. Elle tenta de le frapper mais il arriva à se saisir de la barre. La lutte s’engagea. Ducret repoussa violemment la jeune femme qui se cogna contre le mur. Elle perdit connaissance.

Plantier fulminait. Ce camion lui avait perdre un temps précieux. Il s’avança dans la zone industrielle, puis, ne voyant rien, fit demi-tour. C’est là qu’il aperçut la voiture, garée le long d’un bâtiment. Il coupa son moteur et se gara. A peine descendu de voiture, il dégaina son révolver et l’arma avant de s’approcher de l’entrepôt. La porte n’était pas verrouillée. Le jeune commissaire la poussa avec précaution et s’engagea dans le couloir. Le bâtiment était silencieux et paraissait désert. Plantier aperçut de la lumière.

Estelle reprit ses esprits et regarda autour d’elle. Elle était nue, attachée sur une table. Ducret s’approcha d’elle, un couteau à la main. La jeune femme avait envie de pleurer et de le supplier mais elle se ressaisit et tenta une dernière bravade.

- Alors ? Tu vas me violer et me tuer avant de me couper en morceaux comme tu l’as fait avec les autres.

Ducret eu un sourire et promena la lame sur le corps de la jeune femme.

- Te violer ? Non ! Je ne te ferai pas cet honneur. Par contre, oui, je vais te découper en morceaux. A un petit détail près : Les autres filles étaient mortes quand je les ai dépecées. Tu vas mourir lentement et en souffrant. Ca t’apprendra à être trop curieuse, comme cette petite flic de Paris. Voyons, par quoi vais-je commencer ?

Il passa la lame sur un de ses seins. Estelle ouvrit la bouche pour hurler.

Plantier entra dans l’atelier. Il entendit les derniers mots de Ducret. Le policier se mit en position de tir. A cette distance, il aurait pu enlever une par une, les pattes d’une mouche en vol. Il cria :

- Ducret ! Lâchez ça immédiatement !

L’homme se retourna, tenant le couteau par la lame. Sa méticulosité le trahit. Il perdit une fraction de seconde pour assurer sa prise. Plantier tira, deux fois. Les détonations se transformèrent en tonnerre assourdissant. La première balle frappa Ducret à l’épaule et lui fit lâcher le couteau. La seconde l’atteignit en pleine poitrine. Sous l’impact, l’homme recula contre la table, tomba à genoux et s’écroula. Plantier se rua sur lui et s’assura qu’il était mort puis il s’approcha de la table et libéra Estelle

- Je suis le commissaire Plantier. Vous n’avez plus rien à craindre.

- Commissaire ! Vous avez eu mon message ?

- Non ! Mais, voyez-vous, je sais faire des enquêtes. Je suis même payé pour ça. Vous allez bien ? Mademoiselle ?

- Estelle Laforge. Oui, je vais aussi bien que possible.

Elle se redressa mais la tête lui tourna. Plantier la soutint un moment puis l’aida à remettre ses vêtements. Il prit ensuite son téléphone.

- Maurel, rejoins-moi au 110 de la zone industrielle de Francart. Envoie une ambulance et l’équipe de la scientifique. Ah ! Appelle aussi le légiste.

Il raccrocha avant que son adjoint n’ait eu le temps de dire un mot.

- Je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital !

- Et vous allez y aller quand même ! Vous avez pris un sacré coup sur la tête.

- Vous m’en voulez ?

- D’être inconsciente ? Vu le résultat, pas vraiment. Mais nous règlerons tout ça plus tard.

- Je vous demande pardon Commissaire. Ce type était un vrai monstre. Vous trouverez tout chez lui, dans le placard de l’entrée.

- Ne vous préoccupez plus de ça, Estelle. Nous allons faire notre boulot.

Elle tremblait. Il lui mit son blouson sur les épaules et la serra contre lui. L’ambulance arriva quelques minutes plus tard, suivie des équipes de police. Le médecin urgentiste examina la jeune femme et la prépara pour le transport. Plantier l’accompagna, marchant à côté de la civière.

- Je viendrai vous voir à l’hôpital, dans un moment.

L’ambulance démarra. Plantier se retourna et croisa le regard du légiste.

- Joli tir Antoine ! Un tir très assuré. Ne vous inquiétez pas, je sais déjà quoi mettre dans mon rapport.

Maurel s’approcha de son chef.

- Tu peux me dire ce qui t’a pris ?

- Comment ça ?

- Pourquoi t’as fait cavalier seul, Antoine ? Et si t’avais foiré ?

- Tu aurais eu un nouveau chef et mon éloge funèbre à prononcer.

- T’es vraiment con quand tu t’y mets. Tu vas avoir droit aux « bœufs- carottes » et ils vont pas te rater.

- On verra bien.

- T’es un sacré bon flic Antoine ! J’aimerais bien qu’on continue à bosser ensemble.

- Moi aussi, Maurel.

Plantier resta un long moment avec l’équipe de la police scientifique. L’entrepôt, l’antre du tueur, avait beaucoup de choses à dire. En fin de soirée, il prit sa voiture et se rendit à l’hôpital. Il s’assit près du lit d’Estelle. La jeune femme somnolait mais ouvrit les yeux en sentant sa présence.

- Comment vous sentez-vous Mademoiselle ?

- Bien. On m’a fait quelques radios. Apparemment, je n’ai rien de cassé mais je vais rester ici, en observation pendant deux ou trois jours. Commissaire, je…

- Ne dites rien. Reposez-vous. Vous viendrez faire votre déposition au commissariat quand vous serez rétablie.

Il se leva pour partir et se retourna vers la jeune femme.

- Quand on viendra vous le demander, dites que j’ai fait les sommations.

- Comptez sur moi, Commissaire.

Elle lui fit un sourire, timide.

Plantier récupéra sa voiture et revint à son bureau. Il ouvrit le tiroir et se servit un whisky. Il but lentement et après un profond soupir, décrocha son téléphone.

- Bonsoir Henri

- Bonsoir Antoine.

- C’est fait. Comme je vous l’avais promis.

- Merci. Merci pour Corinne et toutes ces jeunes femmes. Mais, j’espère que vous n’allez pas avoir d’ennuis…

- Ne vous en faites pas pour ça. Occupez- vous de votre épouse et embrassez-la pour moi. Je viendrai vous voir dès que je pourrai.

Le commissaire entendit son correspondant sangloter puis celui-ci raccrocha. Plantier ouvrit le dossier des meurtres de Paris et en sortit une chemise orange. Il l’ouvrit, prit une photo qu’il regarda longuement…

Quelques jours plus tard…

Estelle Laforge reposa les feuilles sur le bureau et signa sa déposition.

- Voilà Commissaire. Je suppose que le dossier va être clos.

- Oui. Même si nous avons établi la culpabilité de Ducret, il est mort et nous allons en rester là.

- Encore une fois, je vous remercie…

- J’ai fait mon travail, Mademoiselle. Et, si à l’avenir, vous pouviez éviter de le faire à ma place…

- Je crois que j’ai retenu la leçon. Au revoir Commissaire

Elle se leva. Le policier la raccompagna et la regarda s’éloigner dans le couloir. Maurel s’approcha.

- Joli brin de fille, hein ? Et courageuse avec ça !

- Courageuse ou téméraire. Et tu sais aussi bien que moi combien la différence est ténue entre les deux. Allez, viens ! J’ai un petit vingt ans d’âge dont tu vas me dire des nouvelles !

Rédigé par LIOGIER François

Publié dans #NOUVELLES

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