KIDNAPPING

Publié le 10 Juillet 2014

Quelque part au-dessus des Etats Unis

Le Learjet fendait l’air de la nuit. Le ciel était couvert en ce début d’Octobre et l’avion traversait, de temps à autre, un nuage bas qui laissait de fines gouttelettes sur le pare-brise. Le pilote jeta un œil sur sa droite, vers le corps de son collègue puis se reconcentra sur ses instruments, sans un regard pour l’homme qui se tenait derrière lui.

- Vous pouvez voler plus vite ?

- Vous avez l’air bien pressé d’arriver… Non, je ne peux pas.

- Comment vous appelez vous ?

- John. John Wayckefield

- Eh bien, John, vous mentez. Je connais les avions et je vois bien que vous n’avez pas poussé les gaz à fond. Accélérez et ne mentez plus, c’est un conseil.

- Où allons-nous ?

- Pour le moment, contentez vous de suivre le cap que je vous ai donné.

Le pilote poussa les manettes des gaz. Les deux moteurs Pratt et Whitney émirent un sifflement plus sonore au fur et à mesure qu’ils montaient dans les tours.

Dans la partie de cabine qui lui était réservée, la passagère, confortablement installée dans un large fauteuil, posa son ordinateur. Elle se détendit un peu, massant sa nuque pour se délasser. La réponse au mail qu’elle venait d’envoyer arriva rapidement. Ses amis l’attendaient, là-bas, à Atlanta. Ils se faisaient une joie de la recevoir pour quelques jours. Elle quitta son siège, ouvrit le mini bar et se servit un jus de fruit. Elle fut surprise de ne pas entendre de bruit de l’autre côté de la cloison. D’habitude, ses gardes du corps discutaient entre eux, plaisantaient. Mais, ceux-là n’étaient pas ses gardes habituels, ceux qui l’accompagnaient dans ses voyages privés, elle l’avait remarqué dès son arrivée à l’aéroport. Peut- être ne se connaissaient-ils pas assez… Elle chassa cette idée de son esprit et repris son ordinateur.

Dans le poste de pilotage, l’homme se pencha vers les cartes qui s’affichaient sur l’écran.

- Où sommes-nous exactement, John ?

- Ici. Au- dessus de la Caroline du Sud. Nous allons passer sur Sumter.

- Combien de temps pour aller à Allendale ?

- A cette vitesse, environ dix minutes.

- Parfait.

L’homme pris le casque radio du copilote et régla la fréquence sur le tableau de bord. IL y eut un grésillement puis une voix résonna dans le cockpit.

- Oui, j’écoute

- L’oiseau arrive au nid dans dix minutes. Vous pouvez éclairer le terrain.

John Wayckefield pensa un instant à faire virer l’avion. Un coup de manche brutal et l’homme serait projeté contre la paroi de l’avion. Il serait ensuite facile de le maitriser. Sa main se crispa sur le manche.

- N’y pensez même pas John.

Le Learjet arriva quelques minutes plus tard en vue du terrain. Le pilote fit un tour puis s’aligna sur la piste. Dans sa cabine, la passagère trouva que le vol avait été plus court que prévu mais, après tout, cela ne la dérangeait pas. Elle boucla sa ceinture pour l’atterrissage.

L’avion se posa sans problème. L’homme ordonna au pilote de se diriger vers le hangar. Le Learjet bleu et blanc s’y immobilisa bientôt. Le pilote se retourna vers l’homme

- Et maintenant ?

L’homme ne répondit pas. Il y eut un chuintement. La balle entra dans le front du pilote et traversa son cerveau avant de faire éclater son crâne. Il s’affaissa sur la console centrale.

- Merci beaucoup de votre aide, John.

L’homme rangea le pistolet dans son holster, ajusta son veston et rejoignit la cabine. Sans frapper, il ouvrit la porte du compartiment privé.

- Sommes-nous arrivés ?

- Oui. Mais je crois que vos amis vont vous attendre un peu.

- ????

- Descendez et faites ce qu’on vous dit, rien de plus.

Elle quitta l’appareil, encadrée par les hommes qui la firent monter dans un 4 X 4 garé à l’extérieur du hangar. Le vieux terrain d’aviation était de nouveau plongé dans le noir. La voiture démarra et s’engagea sur une petite route. Dans la lueur des phares, la passagère chercha à repérer où elle se trouvait. Le véhicule quitta bientôt la route et s’engagea dans un chemin de terre…

Washington

Jeremy Watson gara sa voiture dans le parking situé sous l’immeuble du F.B.I. Il était encore très tôt et l’endroit était désert. Pour que Bill Huxley, son patron, le convoque à cette heure matinale, il avait dû s’en passer une sévère. Watson se servit un café à la première machine qu’il trouva et prit l’ascenseur. Arrivé au quinzième étage, il frappa et ouvrit la porte du bureau d’Huxley.

- Salut Bill ! Alors, qu’est-ce…. Euh. Bonjour Messieurs

Quatre hommes portant des costumes aussi sombres que leurs mines se trouvaient dans la pièce. Huxley fit les présentations. Il y avait là, le grand patron du F.B.I. et… Le chef de la sécurité de la maison blanche. Watson trouva soudain son café très amer. Il se tourna vers son chef.

- Tu m’expliques, Bill ?

- Voilà. L’épouse du président devait se rendre en voyage privé à Atlanta et son avion n’est jamais arrivé.

- Je vois. Pas de crash signalé ?

- Aucun ! L’avion a disparu. Volatilisé. Quant à l’équipe chargée de la sécurité de Madame la présidente, elle est introuvable !

- Le président est au courant ?

Le chef de la sécurité prit la parole.

- Le président est actuellement en voyage en Afghanistan. Nous l’avons prévenu. Il doit être dans l’avion à l’heure qu’il est. Nous pensons à un kidnapping.

- Je ne vois pas d’autre alternative, en effet. Vous avez eu des contacts ?

- Non pas encore.

- Depuis quand l’avion a-t-il disparu ?

- Il a décollé de Reagan Airport hier soir à 20h30 et a disparu des écrans radars une demie- heure plus tard. Depuis plus de nouvelles.

- Bon, nous sommes encore dans les temps.

- Expliquez-vous Watson.

- Il a été établi que, dans le cas d’un enlèvement, si le ou les ravisseurs prennent contact dans les premières 24 heures, la victime est toujours en vie. Après…

Le patron du F.B.I. prit à son tour la parole.

- Watson, vous et votre équipe êtes chargés de l’affaire. Inutile de vous dire qu’il vous faudra agir en toute discrétion et vite.

- Je sais, Monsieur.

- Vous avez les pleins pouvoirs et tous les moyens que vous souhaiterez à votre disposition. Huxley, je veux un rapport régulier et… Eteignez-moi ce cigare !

Avec la mine d’un petit garçon pris la main dans le sac, le patron de la section « Affaires spéciales » écrasa son cigare.

- Oui, Monsieur.

Les quatre hommes quittèrent le bureau. Watson, le nez à la fenêtre réfléchissait.

- Sale affaire, Jimmy.

- Comme tu dis, Bill.

- Si on se rate, on pourra tous aller pointer au chômage.

- Pour le moment, on va essayer d’avancer. Viens. Will et Tom doivent être arrivés.

Les deux hommes regagnèrent le bureau de Watson où l’attendaient ses deux adjoints. Thomas Burden était un spécialiste des armes. Son sens de l’organisation lui permettait de monter des opérations spéciales en très peu de temps. Patient, méthodique, il était un peu le clone de son chef de groupe, la carrure de rugbyman en plus. William Sheffield n’avait rien d’un rugbyman. Il avait plutôt l’air d’un ado attardé mais il était un vrai génie de l’informatique.

Watson leur expliqua le topo. Ils avaient peu d’indices.

- Je vais lancer une recherche pour localiser le téléphone et l’ordinateur de la présidente.

- Excellente idée, Will ! Tant que tu y es, cherche à savoir si des mouvements d’avion un peu curieux ont été signalés.

- Tu penses à quoi, Jimmy ?

- Un enlèvement politique. Apparemment, ceux qui ont fait le coup ont mis les moyens et étaient bien organisés. Le président a beaucoup d’ennemis, c’est là qu’il nous faut chercher.

- Je m’y colle.

- Ok, Tom. Il faut aussi retrouver cette équipe de gardes du corps. Six hommes armés et entrainés qui disparaissent dans la nature, c’est louche.

Bill Huxley prit à son tour la parole

- Messieurs, je compte sur vous. Qu’est-ce que je peux faire, Jimmy ?

- Je vais sûrement avoir besoin de ton carnet d’adresse, Bill. Mais nous verrons ça au fur et à mesure. Et… Il faudra peut-être que je rencontre le président. Commence à prendre des contacts pour ça.

La réunion se termina. Watson s’installa à son bureau. Mentalement, il fit la liste de tous les groupes politiques opposés au président. Il y en avait beaucoup. Il prit son portable personnel et envoya un S.M.S.

« Désolé d’être parti si vite ce matin. Merci pour cette belle soirée et cette nuit. Ne m’attends pas ce soir. Je te recontacterai. »

Le jeune enquêteur se plongea dans son travail et se mit à consulter la base de données que le F.B.I. tenait sur tous les groupuscules politiques.

Barnwell, Caroline du Sud

La grange était pleine. Elle résonnait du brouhaha des conversations. Tous les hommes présents portaient une chasuble et une cagoule blanches. Un dernier groupe entra et se plaça derrière la grande table. L’un des derniers arrivants réclama le silence.

- Messieurs le destin est en marche. Bientôt notre pays redeviendra celui qu’il aurait toujours dû être. Celui des blancs.

- Ouais ! Qu’ils s’en aillent, tous ces macaques !

- Vous êtes sûr que cela va marcher ?

- Nous avons envoyé nos propositions à la maison blanche. Des propositions qui ne peuvent pas être refusées. Parce que nous avons un argument…

- La négresse ?

- Madame la présidente est notre hôte, du moins tant que nous n’aurons pas obtenu ce que nous voulons…

Le chef de l’assemblée laissa l’assistance commenter ses dernières paroles puis redemanda à nouveau le silence.

- Nous devons nous organiser pour assurer la surveillance de cet endroit. On vous donnera vos tours de garde dans et à l’extérieur de la maison.

- Hmm. J’ai hâte de passer un moment avec notre invitée. Elle est plutôt gironde

- T’as raison ! Et moi, je me suis jamais tapé une négresse

L’homme tapa du poing sur la table.

- Silence ! Faites votre boulot, c’est tout ce qu’on vous demande. Et je vous garantis que le premier qui la touche passera un sale quart d’heure avant que je le bute. C’est clair ? Maintenant que ceux qui sont désignés pour le tour de garde se mettent en place. Les autres, rentrez chez vous.

Dans la ferme, la captive s’assit sur le bord de son lit. Ses ravisseurs l’avaient conduite dans cette pièce. Une chambre sommairement meublée. Elle avait testé la fenêtre mais elle était clouée. En écoutant à travers la porte, elle avait compris qu’un homme se tenait devant. Malgré son inquiétude, elle était confiante. Son mari était le président du pays le plus puissant du monde. Il devait déjà être au courant et allait remuer le ciel et la terre de tous les états pour la retrouver. Ce n’était qu’une question d’heures. Et ses ravisseurs allaient savoir ce qu’il en coûte de s’en prendre à la première dame des Etats-Unis. Elle pensa à ses deux filles et son cœur se serra. Elles étaient en vacances chez des amis mais allaient sûrement s‘inquiéter si elle ne répondait pas au téléphone. Elle entendit des pas autour de la maison. Ses ravisseurs étaient vraiment bien organisés.

Washington

Watson était plongé dans ses recherches quand la porte de son bureau s’ouvrit.

- Qu’est-ce qu’il y a Tom ?

- On a retrouvé les gardes du corps. Enfin, leurs cadavres.

- Où ça ?

- Dans un vieil immeuble, pas très loin de l’aéroport. C’est un clochard qui les a découverts.

- On y va !

Les deux hommes partirent en voiture. En route, Tom contacta le service de sécurité de la maison blanche pour que l’on envoie une personne pour l’identification des corps.

Vingt minutes plus tard, la grosse voiture noire du F.B.I. se garait devant l’immeuble. Un policier conduisit les deux enquêteurs jusqu’à une pièce au fond du bâtiment. Les six corps étaient alignés sur le sol. Chacun avait une balle dans la tête.

- Putain ! On les a exécutés !

- J’en ai bien peur. Inspecteur !

- Oui.

- Avez-vous trouvé des armes sur ces hommes ? Des systèmes de communication ?

- Non. Rien.

- Et merde ! Faites envoyer les corps à la morgue et envoyez- moi votre rapport. Pas un mot, à qui que ce soit. Si on vous pose des questions, parlez d’un règlement de comptes.

Les deux hommes repartirent. Tout en conduisant, Watson réfléchissait.

- Qu’est-ce qui te tracasse, Jimmy ?

- L’organisation des types qui ont fait le coup. Ca ressemble à une opération militaire. Ils doivent être nombreux et avoir de sacrés moyens.

- Ou beaucoup de volonté. A ce niveau- là, on peut même parler de convictions ou de fanatisme. Voilà qui va nous permettre de resserrer un peu nos recherches.

Watson consulta sa montre. Cela faisait dix- sept heures que l’avion de la présidente avait disparu. Ils arrivèrent au siège du F.B.I.

- Mets-toi là- dessus. Cherche dans les groupes paramilitaires. Je vais voir Will.

Watson se rendit dans la pièce qu’occupait son collègue. Son antre. Un local rempli d’ordinateurs, de serveurs et de machines aussi mystérieuses les unes que les autres. Will était en conversation téléphonique et pianotait fébrilement sur son clavier. Il raccrocha, un grand sourire sur les lèvres.

- Tu tombes bien Jimmy.

- Vas-tu m’annoncer la première bonne nouvelle de la journée ?

- Ca se pourrait. J’ai mis en route mon petit réseau d’information ce matin et je suis tombé sur ça.

Watson se pencha sur l’écran.

- Un fermier d’Allendale, en Caroline du Sud. Il a fait plusieurs signalements ces derniers jours au sujet d’un aérodrome désaffecté situé pas loin de sa ferme. Et….

- Bon, tu craches le morceau, Will ?

- Ce matin, il a signalé qu’un avion s’était posé hier, vers 22h 30, sur l’aérodrome !

- Will, tu es un génie !

- Ouais, ça, je le savais déjà.

- Tu as autre chose ?

- Non. Le téléphone de la présidente doit être coupé et, si je me fie à l’heure de sa dernière connexion internet, elle devait encore être dans l’avion.

- Bon. On sait déjà dans quel coin chercher, c’est pas si mal. Tu pourrais…

- Je sais ce que tu vas me demander. J’ai un pote à la N.S.A. Dans cinq minutes la Caroline du Sud n’aura plus aucun secret pour nous.

Le téléphone de Watson sonna.

- Oui Bill

- Mets une cravate, Jimmy. On est attendu à la maison blanche !

- Je n’ai pas de cravate mais je t’attends au parking.

En route, Watson mit son chef au courant des avancées de l’enquête. La voiture se présenta à la maison blanche. Le jeune enquêteur remarqua tout de suite que la sécurité avait été renforcée. Un majordome conduisit les deux hommes. Après plusieurs contrôles, ils arrivèrent au bureau ovale. Une demie- douzaine de conseillers étaient dans la pièce. Assis derrière son bureau, le président consultait un document. Un conseiller se pencha et l’informa de l’arrivée des deux visiteurs.

Barack Obama se leva, lentement. Il avait l’air fatigué, hagard. Huxley s’inclina.

- Monsieur le Président. Bill Huxley et voici Jeremy Watson, l’enquêteur en charge de cette pénible affaire.

- Messieurs. Alors ? Avez-vous progressé ?

- Oui, Monsieur. Nous sommes certains que l’avion de votre épouse a été détourné vers la Caroline du Sud.

Le président ramassa sur son bureau le document qu’il consultait.

- Ceci est une copie d’un document reçu ce matin. L’original est déjà en route pour votre laboratoire. Lisez !

Watson et Huxley consultèrent le document.

- Qu’en pensez-vous, Monsieur Watson ?

- Il s’agit, de toute évidence, d’un groupe raciste. Sans doute un groupe néo-nazi ou… Non, ce n’est pas possible.

- Ou quoi ? A quoi penses-tu Jeremy ?

- Au Klan !

Watson vit le président vaciller. Il se ressaisit rapidement

- C’est donc pour cela qu’on me demande de démissionner et de faire voter des lois racistes par le congrès. Je croyais que le Klan n’existait plus.

- Officiellement, il est dissous. Mais il a encore de nombreux adeptes, surtout dans les états du Sud. Ils sont peu organisés…

- Que comptez-vous faire ?

- Nous allons les localiser et les neutraliser. Pouvez-vous me fournir une copie de ce document ?

- Elle est prête.

- Merci, Monsieur. Avec votre permission, nous allons nous retirer.

- Je vous raccompagne !

Le président suivit les deux policiers jusqu’au couloir. Il retint Watson par la manche.

- Que dois-je dire au pays ? A mes filles ?

- Pour le pays, Madame la présidente est en voyage privé. Inutile donc de commenter. Pour vos filles, je ne sais pas. Inventez une panne de portable…

- Je vois. Le genre de mensonges que les parents inventent pour rassurer leurs enfants.

- Ce doit être ça. Monsieur…

- Watson ! Je compte sur vous.

Jeremy le salua. Les deux hommes rejoignirent leurs bureaux.

- Tu as l’air inquiet, Jimmy.

- Je le suis. Ce que je n’ai pas dit au président, c’est que ces groupes sont particulièrement violents et n’hésitent pas à assassiner au nom de leurs idées.

Barnwell, Caroline du Sud

Il y eut un cliquetis dans la serrure. La porte s’ouvrit sur un jeune homme qui portait un plateau. Il le posa sur la table et verrouilla la porte. La présidente le regarda avec attention. Il devait avoir tout juste vingt ans.

- Voilà votre repas.

Elle lui fit un sourire et le remercia

- Ce n’est pas trop long, de rester derrière la porte, sans bouger ?

Le jeune homme ne répondit pas

- Vous ne voulez pas discuter un peu ? Moi, j’en ai envie. Comment vous appelez-vous ?

- Je ne parle pas aux nègres !

Elle faillit lui donner une paire de gifles mais elle se retint.

- Et pourquoi ?

- Parce que vous n’êtes pas comme nous. Vous êtes inférieurs.

- Avez-vous entendu parler de Darwin ?

- Non. Je ne sais pas qui c’est.

- C’était un scientifique anglais. Il a démontré que tous les hommes étaient les mêmes…

- C’était un idiot ! Si nous étions tous les mêmes, Dieu vous aurait faits blancs. Mangez, maintenant.

Il quitta la pièce. Elle fut prise de fureur et de tristesse. Malgré tous les efforts de son pays pour gommer les discriminations raciales, il existait encore des gens pour croire à ces idioties et pour embrigader les autres. Des gens que l’arrivée au pouvoir de son mari avait dû mettre dans une rage folle et entre les mains desquels elle se trouvait. Elle décida de jouer la prudence et de ne plus rien dire.

Elle entendit des pas dans le couloir, quelques paroles indistinctes. En consultant sa montre, elle comprit qu’il s’agissait du changement de garde. Ses ravisseurs, aussi stupides qu’aient été leurs idées, étaient bien organisés.

Washington

Watson chargea Tom de recenser tous les partisans du Klan en Caroline du Sud et surtout dans les environs d’Allendale puis se rendit dans le bureau de Will.

- Du nouveau ?

- La N.S.A surveille le coin. Rien de bien transcendant. Mais ils ont noté une activité téléphonique un peu plus intense du côté du village de Barnwell depuis hier. Ils sont en train de remonter sur plusieurs jours et on attend qu’un satellite passe au-dessus du coin. Ce qui devrait arriver dans… Dix minutes.

- Ok. Tiens-moi au courant.

- Alors, il est comment ?

- Qui ça ?

- Le président.

- C’est un homme inquiet. Je file chez Huxley.

- OK. Je t’appelle dès que j’ai les images du satellite.

Watson prit l’ascenseur. Huxley était à son bureau, son éternel cigare vissé aux lèvres.

- Alors ?

- On avance, Bill.

L’enquêteur mit son chef au courant des dernières découvertes de Will. On frappa à la porte. Tom entra.

- On t’écoute Tom.

- Il y a bien une cellule du Klan à Barnwell. On connait à peu près tous ses membres.

- A peu près ?

- On ne sait pas qui la dirige et qui la finance. Il n’y a rien dans les fichiers.

- Bon. Concentre –toi là-dessus. Essaie de trouver une piste

Tom sortit de la pièce.

- Tu crois qu’on va trouver quelque chose ?

- J’en doute. Une idéologie ne nourrit pas son homme mais ces types sont des fanatiques. Ils agissent seulement au nom de leurs idées, pas pour de l’argent.

Le portable de Watson émit un bip.

« Le satellite est passé. J’ai de jolies images à te montrer »

Watson redescendit dans l’antre de Will. Ce dernier avait déjà affiché les images sur un grand écran.

- Voilà. Des fermes, des forêts, des champs. Si tu veux nous emmener en vacances là-bas, je ne viens pas.

- Très drôle Will. On ne voit rien. Attends ! Tu peux zoomer sur cette ferme, là.

Will fit quelques manipulations pour agrandir l’image et en améliorer la netteté.

- Etrange toutes ces voitures autour de cette ferme, tu ne trouves pas ?

- Si ! Attends, je superpose l’image infrarouge.

- Regarde, Will. Il y a vraiment beaucoup d’activité dans cette ferme. Beaucoup plus que dans les autres. Et… C’est quoi tous ces petits points rouges autour ?

- Des points de chaleur. Vu l’échelle de température, ça correspond à des hommes

- Des sentinelles ?

- Possible.

- Récupère Tom et rejoignez-moi chez Huxley, vite.

L’équipe se retrouva quelques minutes plus tard dans le bureau du chef des affaires spéciales. Watson fit un topo de la situation.

- Beau travail les gars ! Bon, il ne nous reste plus qu’à donner l’assaut. Tom, vous nous organisez ça ?

- Oui. J’ai déjà ma petite idée sur la question. Will ? Tu crois que ton copain de la N.S.A. pourrait nous créer une zone blanche au-dessus de ce coin de nature ?

- Sans problème.

- Alors c’est parti !

Quelques heures plus tard, deux gros porteurs de l’U.S. Air Force se posèrent sur l’aéroport de Columbia. De leurs ventres sortirent des camions qui, chargés de commandos des marines, prirent la route de Barnwell…

Barnwell, Caroline du Sud

La nuit était tombée. Depuis un peu plus d’une heure, la région de Barnwell était privée de téléphone, coupée du monde. Silencieusement, les commandos prirent place autour de la ferme. Watson examina la situation. Des sentinelles rôdaient autour des bâtiments. Chacune avait son secteur. La maison était faiblement éclairée. Murmurant dans son micro, le jeune enquêteur donna ses ordres. Une à une, les sentinelles furent neutralisées, sans aucun bruit. Watson suivit le premier groupe qui s’approcha de la maison. La porte vola en éclats au premier coup de bélier. Dans la pièce principale, trois hommes levèrent les mains et se rendirent. Watson s’avança dans le couloir et se trouva face à un jeune homme qui le menaçait d’un fusil.

- A ta place, je ne ferai pas l’idiot.

- Et pourquoi ?

Le jeune baissa les yeux et vit le point lumineux rouge sur sa poitrine. Il posa son fusil. L’enquêteur du F.B.I. s’approcha de lui et posa sa main sur la poignée de la porte devant laquelle se tenait le jeune homme.

- Donne-moi la clé, petit. Et pas de geste brusque.

Watson ouvrit la porte.

- Bonsoir Madame. Jeremy Watson, F.B.I.

- Grand Dieu! J’ai cru ne jamais sortir d’ici !

- Comment allez-vous ? Nous avons un médecin…

- Je vais bien, Monsieur Watson !

Elle lui fit un timide sourire.

- Je veux juste rentrer à Washington, retrouver mon mari et mes filles.

- Je comprends, Madame.

Quelques minutes plus tard, un hélicoptère emmena la première dame. Au même instant, un commando de marines pénétra dans le hangar de l’aérodrome d’Allendale, découvrit le Learjet et les corps des deux pilotes.

Washington, deux semaines plus tard

Jeremy Watson jubilait. Les interrogatoires des personnes arrêtées avaient permis de démanteler la cellule du Klan en Caroline du Sud. Accompagné de sa fiancée, il se présenta au poste d’entrée de la maison blanche. Dans les jardins, il rejoignit Huxley et ses deux coéquipiers.

- Le costume te va bien, Jimmy.

- Profites-en bien, Bill. Parce que je ne viendrai jamais au bureau sapé comme ça !

Le président arriva, accompagné de son épouse. Il remit à Jeremy Watson, la médaille de la liberté. Au cours du cocktail qui suivit, le président prit le jeune policier à part.

- Vous avez fait du bon travail, Monsieur Watson.

- J’ai fait mon devoir, Monsieur

- Je sais. Mais, si le président a su vous remercier, l’homme ne sait pas vraiment le faire.

Michelle Obama s’approcha et embrassa le jeune policier.

- Je crois que c’est fait, Monsieur le président.

Les deux hommes éclatèrent de rire.

Rédigé par LIOGIER François

Publié dans #NOUVELLES

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