CHRONIQUES DE MON DEMI-SIECLE 3 LE PROGRES

Publié le 12 Octobre 2014

Je suis de ces enfants qui sommeillaient sur les genoux de leurs parents, cette fameuse nuit de Juillet 1969. Cette nuit où le sol de la lune a tremblé sous le pied de cet homme qui faisait faire un bond de géant à l’humanité. Si cette nuit- là, la lune est morte pour les Pierrots et les poètes, comme l’a si joliment écrit Jacques Marreuil, je pense que le bond technologique était effectivement celui d’un géant. Un géant qui avait pris son élan, bien des années plus tôt et qui concrétisait cette nuit-là, tous les progrès technologiques accomplis en deux décennies.

Car si la conquête de l’espace s’est accélérée sous la guerre froide, elle est née, comme beaucoup de choses, de la guerre, de ces ingénieurs qui, sous l’égide de Wernher Von Braun, imaginèrent les terribles fusées V1 et V2. Je sais ce que vous allez me dire. La conquête spatiale ne sert à rien, si ce n’est à amuser quelques ingénieurs et à dépenser de l’argent public qui pourrait servir à autre chose. Vous avez certainement raison mais ce n’est pas ici mon propos et j’y reviendrai dans une autre chronique. Et, contrairement à ce que vous pensez, tout cela sert à quelque chose, indirectement. De nos ordinateurs aux matériaux qui isolent nos maisons, et jusqu’aux organes artificiels que l’on greffe aujourd’hui.

Tiens, les ordinateurs, parlons-en. A l’époque où je suis né, ils étaient encore des monstres, des rangées d’armoires électroniques qui occupaient parfois tout un étage d’immeuble. Aujourd’hui, ils tiennent dans notre main, voire même dans nos montres. Miracle ? Non. Juste la suite logique de trois avancées technologiques : L’invention du transistor en 1947, le développement de la technologie de miniaturisation et l’invention du microprocesseur en 1969.

Bizarrement ou par un hasard du temps, je suis né avec celui qui allait décider de ma vie, un merveilleux avion, Concorde. Il allait envoyer à la casse les bons vieux paquebots et donner un formidable élan à l’aéronautique. De lui, nos avions d’aujourd’hui ont hérité les commandes de vols électriques, les matériaux composites. Matériaux que nous retrouvons un peu partout dans nos vies de tous les jours mais aussi dans les ligaments artificiels, les attelles qui remplacent nos bon vieux plâtres…

Tout ça pour en venir à la médecine. C’est peut-être le domaine dans lequel notre humanité à fait le plus de progrès. Trois ans après ma naissance, Christiaan Barnard greffait le premier cœur humain. Aujourd’hui, cette opération est devenue presque courante. On reconstruit des membres, des visages. Depuis les années quatre-vingts, on a réussi à fabriquer de la peau artificielle. Les progrès de l’électronique et de la micromécanique ont permis de construire des membres artificiels, des orthèses aussi habiles, ou presque, que nos mains. Steve Austin, l’homme qui valait trois milliards n’a qu’à bien se tenir. La chirurgie a énormément progressé avec l’arrivée des lasers, (Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation, pour ceux que ça intéresse), des maladies ont été éradiquées mais d’autres sont apparues, lançant aux scientifiques de nouveaux défis. La génétique fait des merveilles et se lance, avec un peu de succès, à l’assaut des myopathies, l’aéronautique collabore avec la médecine pour réaliser des cœurs artificiels.

Comme quoi, quand les hommes le veulent…

Parce qu’hélas, ils ne veulent pas toujours. La formidable progression de ce demi-siècle passé, le confort dans lequel nous vivons ne doit pas nous faire oublier nos excès. Ceux qui nous poussent à construire des armes toujours plus sophistiquées et meurtrières. Ceux qui nous conduisent, par appât du gain, à polluer et piller notre planète, à engendrer des organismes génétiquement modifiés dont nous ignorons les effets néfastes qu’ils peuvent avoir sur nous.

Mais bon, nous savons tous que c’est le propre de l’homme de se tirer régulièrement une balle dans le pied.

Rédigé par LIOGIER François

Publié dans #BILLETS D'HUMEUR

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A
Hello chroniques du demi-siècle 3, j'aime beaucoup ton cheminement François, j'ai moi-même connu la transplantation du cœur dans le tout petit service du Professeur Cabrol à la Pitié-Salpêtrière dans les années 70, je n'étais qu'un garçon de salle, la surprise de voir ces personnes couchées avec des tubes partout, Je commençais ma carrière à l'APHP... Que de chemin parcourus depuis. Vite la suite...;)
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