Jugement, jugement. Vous avez dit jugement? Comme c'est navrant.

Publié le 7 Juillet 2016

J’espère que Monsieur Prévert ne m’en voudra pas trop d’avoir, par ce titre, détourné sa célèbre réplique de « Drôle de drame ». Bizarre…

Ainsi donc, vous jugez vos congénères. Je ne parle pas ici des jugements de cour, ceux qui condamnent les criminels et qui sont basés sur des lois. Je parle de ces jugements que vous portez les uns sur les autres et que, personnellement, je m’interdis. Je ne vais, chacun étant libre de penser et dire ce qu’il veut, sûrement pas vous en empêcher, encore moins vous critiquer. Cela reviendrait, en quelque sorte, à dire : Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. Non. Je voudrais juste vous demander de réfléchir un peu.

Vous vous arrogez le droit de juger et, par voie de conséquence, celui de critiquer. Mais, au fond, de quel droit parlons-nous ?

Quel que soit le motif, il faut, pour avoir le droit de juger, atteindre, ou avoir atteint, la perfection. Ce qui, admettons- le, n’est pas le propre de notre espèce, loin s’en faut. Même les plus vertueux d’entre nous ont tous, quelque part dans leur esprit, dans leur passé, une petite zone d’ombre, un petit vice caché. Quant à ceux qui clament, haut et fort, leur perfection, ils font preuve, au moins d’une prétention, si ce n’est d’un orgueil qui les rend… Imparfaits ! Non. Je ne pense pas que nous ayons le droit de juger, encore moins celui d’exprimer les sentences de ces jugements par des critiques. Au mieux, nous pouvons nous apprécier, nous comparer, nous étalonner par rapport à une référence. Mais laquelle ? Poussons donc notre réflexion un peu plus loin.

Juger ? Oui. Admettons que cela soit possible. Mais sur quels critères ?

L’aspect physique ?

Nous sommes tous, à priori, constitués de façon identique. Nos différences sont, essentiellement, liées à la génétique et à l’évolution, parfois à la vie. La société, la mode, fixent des règles, des canons. Et malheur à celles et ceux qui en sortent. Quant à la couleur de nos peaux… Si je n’en suis plus étonné, je suis toujours consterné par ce paradoxe de l’esprit humain. Un paradoxe qui le fait trouver tout à fait normale l’existence des ours bruns et des ours blancs mais qui le fait se méfier des hommes à la peau plus claire ou plus sombre. Pourtant, noir ou blanc, gros ou maigre, un être humain est fait comme tous les autres, il nous est semblable, son corps fonctionne de la même manière que le nôtre. Alors, pourquoi s’autoriser à juger et blâmer celles et ceux qui ont ces petites différences ? Bizarre…

La culture ?

Chacun est l’héritier de notre civilisation. Une civilisation qui s’est développée aux quatre coins d’un monde pourtant rond, avec ses spécificités, liées à l’histoire, au climat de chaque continent, de chaque île. Il en résulte une multitude de cultures, certaines presque aussi anciennes que notre espèce. Des cultures étroitement liées et imbriquées entre elles par notre histoire commune. Chacun adapte son mode de vie à ces cultures, y puise ses connaissances. Vivons-nous plus heureux, sommes-nous plus malins dans le confort et la technologie ou dans une case sommaire plantée sur une île perdue dans l’océan ? La question peut se poser, certainement. Sûrement pas se juger. Bizarre…

Les croyances ?

Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Il est libre de croire ou non à des dogmes, des religions inventées par des hommes pour d’autres hommes. Des religions qui, quel que soit leur nom, prêchent toutes dans le même sens en s’appuyant sur les mêmes valeurs morales. Des religions qui, au long de l’histoire de l’humanité et de leur propre histoire, ont toutes, à un moment ou un autre, versé dans l’obscurantisme, le totalitarisme et la barbarie. Ce qui n’empêche pas certains d’oublier les crimes de l’idéologie qu’ils suivent pour condamner ceux que commettent les autres. Bizarre…

Les idées ?

Chacun est libre de penser et d’exprimer son avis sur un sujet, quel qu’il soit. Se taire, entrer dans le moule du conformisme et du bien- pensant, c’est se priver de cette liberté. Pourquoi vouloir, à tout prix, enfermer les idées et les hommes dans des cases ? Pourquoi critiquer ceux qui choisissent un autre chemin et s’écartent de la pensée et des doctrines collectives ? Bizarre…

Dites- vous bien une chose : Quel que soit le critère que vous choisirez, votre jugement sera influencé par votre propre morale, votre culture, votre pensée. Il sera, de fait, empreint de partialité et donc sans valeur.

Voilà pourquoi nous ne pouvons pas nous juger les uns, les autres.

Vous avez dit : Bizarre ?

Rédigé par LIOGIER François

Publié dans #BILLETS D'HUMEUR

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