ETRE FRANCAIS

Publié le 11 Décembre 2015

Depuis quelques temps, certains, (et surtout certaines), nous expliquent ce que signifie « être français ». Pour eux, cela passe d’abord par le respect des symboles de notre pays que sont l’hymne et le drapeau. Sur ce point, je suis d’accord avec eux. Même si, dans mon esprit, à travers ces symboles, je respecte surtout ceux qui se sont fait trouer la peau pour défendre ce qu’ils représentent. C’est sur leurs autres arguments que je ne suis pas d’accord.

Commençons par les dames. Jeanne d’Arc, en l’occurrence. Pourquoi un tel symbole ? Parce qu’elle a bouté les anglais, (et donc des étrangers…), hors de France ? Parce qu’elle a provoqué un sursaut national ? Il me semble que, dans un passé beaucoup plus récent, un certain Charles De Gaulle fit la même chose lorsqu’il fut question de chasser les nazis…

On nous dit qu’il faut avoir vibré au couronnement des rois dans la cathédrale de Reims. Quand on s’intéresse un peu à l’histoire de la France, on comprend vite deux choses : Ces cérémonies représentaient l’archétype de la féodalité et marquaient la soumission du royaume et de son roi à la loi de la religion catholique et de son pape. Une soumission que Napoléon 1er, en imposant au pontife d’assister à la cérémonie et en se couronnant lui-même, sera le premier de nos monarques à refuser. Difficile alors d’accepter un tel symbole lorsque l’on est d’un pays qui s’est révolté pour abolir le système féodal et qui a érigé la laïcité en principe. Je parle ici de celle de 1905, celle de Ferry, de Waldeck- Rousseau et de Briand, de celle qui est inscrite au sommet de notre constitution. Une laïcité qui signifie tolérance mais, en aucun cas, préférence.

On nous dit qu’il faut avoir vibré à la fête de la fédération de 1790. Là aussi, l’histoire nous montre que ce n’était qu’un prémice à l’instauration de notre fête nationale. L’assemblée constituante n’en disait rien de plus et cette fête ne montrait rien d’autre que la liesse qu’éprouvent tous les peuples lorsqu’ils parviennent, par la guerre ou la révolution, à se libérer de l’oppression, quelle qu’elle soit.

Non, je suis désolé, je n’adhère pas à ces arguments passéistes. Ils n’ont aucune légitimité dans notre société moderne. Etre français, c’est autre chose.

Etre français, c’est être de ce pays qui, depuis les origines de son histoire, au gré des invasions et des migrations, mélange les peuples et les cultures et qui, par conséquent, devrait bannir de son langage l’expression « français de souche ». C’est être de ce pays et de ce peuple métissé ouverts sur le monde et sur les autres. Un pays qui se replie sur lui- même et sur sa culture ne peut que stagner, au pire régresser mais jamais avancer.

Etre français, c’est être du pays des lumières, celles de Montesquieu, de Voltaire, de Rousseau mais aussi celles de Montaigne et de Rabelais. C’est être humaniste et humain. Etre français, c’est être de cette culture plurielle qui aime autant les poèmes de Villon que les textes d’Al Malik, les chants africains de ses anciennes colonies et les notes de Bizet. C’est être d’une France qui se nourrit des richesses culturelles du monde pour s’enrichir elle- même.

Etre français, c’est être de ce pays qui a jeté à la face de l’humanité ses propres droits. C’est être de ce pays qui a crié au monde que les hommes étaient égaux, sans distinction d’origine ou de couleur. Etre français, c’est adhérer aux valeurs que ceux de la constituante ont inscrites aux frontons de nos édifices : La liberté, l’égalité et la fraternité.

La liberté. Celle de faire, de penser et de dire ce que l’on veut sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit, si ce n’est à soi-même, sans pouvoir être inquiété. La liberté de choisir. La liberté de vivre, tout simplement.

L’égalité. Celle des citoyens devant les lois. Celle qui ne fait aucune distinction entre riche ou pauvre et fait oublier La Fontaine. Celle qui ne fait aucune différence entre les couleurs, les sexes ou les opinions. Celle qui donne à chacun les moyens d’avoir une vie décente, soit par l’éducation, soit par l’aide directe.

La fraternité. Celle qui unit les classes sociales. Celle qui lie les peuples pour n’en faire qu’une seule et unique humanité.

Etre français, c’est aussi reconnaitre les erreurs de ce pays. C’est admettre qu’il s’est rendu complice des deux plus grands crimes que l’humanité ait perpétrés contre elle-même : L’esclavage et l’holocauste. C’est admettre que ce pays, même s’il a libéré les peuples qu’il avait un temps assujettis, les considère toujours avec autant de morgue et qu’il n’a pas perdu son esprit colonialiste.

Etre français, c’est une philosophie, un art de vivre. C’est profiter de la vie et savoir la partager. C’est être d’un peuple qui, malgré ses différences, sait s’unir face à l’adversité. Un peuple qui, malgré ses grondements et ses sautes d’humeur, respecte et protège ses valeurs, ses institutions et plus de deux mille ans d’histoire.

Etre français, ce n’est pas se replier sur soi. C’est être ouvert au monde et à l’humanité.

Rédigé par LIOGIER François

Publié dans #BILLETS D'HUMEUR

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