LE TIMIDE ET LES PRETENTIEUX
Publié le 2 Février 2014
Laissez-moi vous narrer céans,
L’histoire de quelques garnements,
Joyeuse et orgueilleuse bande de persifleurs,
Qui prirent un jour, comme souffre- douleur
Un jeune homme timide et sensible
Et par ma foi, peu irascible.
Sûrs de leur force, ils le raillaient
Versant sur lui mille quolibets,
S’écoutant parler, les prétentieux
Moquaient celui qui, à leurs yeux,
N’avait pas leur grandeur d’âme,
Et jamais n’aurait la faveur des dames.
Le timide les laissait parler.
De leur mépris, il souriait.
Laissant ces brutes, d’orgueil gonflées
Tels des paons se pavaner.
Vint à passer une demoiselle
Qui de toutes était la plus belle.
Les railleurs pourquoi le taire,
Fiers et sûrs de leur affaire,
A ses pieds allèrent se jeter,
Persuadés de se faire aimer.
Mais la belle poursuivit son chemin,
Les repoussant d’un geste de la main.
Le timide lui donna un sourire,
Un de ceux que l’amour inspire.
La belle, charmée, le lui rendit
Et, se collant tout contre lui,
Devant les railleurs médusés,
Lui donna un long baiser.
Prenant dans ses bras la princesse
Le timide la couvrit de caresses.
Et tous deux, tendrement enlacés,
Sans allèrent sans se retourner,
Laissant les prétentieux bien en peine
Goûter à l’amertume de la déveine.
Si, de cette histoire bien terminée,
Une morale il nous fallait tirer,
Nous en dirions non pas une mais deux
Evidentes, sautant aux yeux.
L’une dirait que les certitudes
Sont de bien mauvaises habitudes
L’autre, à ceux qui se croient les plus forts,
Dirait qu’ils finissent toujours par avoir tort.