CHRONIQUES DE MON DEMI SIECLE 1 MON MONDE

Publié le 4 Septembre 2014

Je suis de cette génération du 20 ème siècle qui a eu la chance de ne connaitre, (pour le moment), aucune guerre majeure. Dire que je suis né dans un monde en paix serait pourtant un mensonge. Dans les années soixante, la guerre froide qui opposait communistes et capitalistes battaient son plein. L’Europe était coupée en deux par un ignoble mur et, partout dans le monde, les deux idéologies s’affrontaient, étendaient leurs influences. Et le monde tremblait. Il tremblait sous la menace des cousins du « petit garçon » d’Oppenheimer, des cousins terribles et cent fois plus puissants que lui. Le camp dans lequel j’étais né peinait à lutter contre la brutalité de la bureaucratie communiste et lançait ses hippies contre la dictature du prolétariat, pétard pacifiste hélas bien mouillé qui n’allait pas empêcher l’arrivée de khmers rouges et de leurs terribles camps de la mort ainsi que celle des dictatures militaires de Cuba, de l’Argentine et du Chili qui bientôt feraient planer sur tout un continent l’ombre cruelle d’un sinistre condor. La vague pacifiste n’allait pas non plus empêcher des conflits de s’ouvrir çà et là et le Moyen – Orient de se transformer en poudrière. Et l’Afrique, qui avait mis tant de temps à se libérer de l’esclavage et du colonialisme dévoilait toute sa beauté… Et ses richesses ! Des richesses que d’autres exploitaient déjà à sa place en fermant les yeux sur les dictateurs sanguinaires et les régimes racistes. Voilà comment était le monde quand je suis né.

Les années ont passé. Le mur honteux s’est écroulé sous la poussée de peuples avides de liberté. Un homme, là-bas, au bout de l’Afrique, a réconcilié son pays avec lui-même et le reste du monde. Nous avons applaudi. Nous avons dit : C’est terminé ! Maintenant, le monde va vivre heureux et paisible. Je crois que nous nous sommes lourdement trompés.

Regardons le monde d’aujourd’hui. A l’exception de celui qui trône en Syrie, les dictateurs ont disparu, c’est vrai. Le monde communiste s’est dissous dans une marée d’argent et de libéralisme. Même la Chine s’est lancée à corps perdu dans le capitalisme, dévorant tout sur son passage. Mais, car il y a un mais… L’ensemble des nations, enfermé dans son confort et sa soif du gain a laissé s’installer d’autres régimes tout aussi intolérants. La communauté internationale a enfanté les pires terroristes, elle a laissé un pays, (je dis bien : UN PAYS), outrepasser les droits et les frontières qu’elle lui avait donnés et bâtir un nouveau mur de la honte, yeux fermés qui font le bonheur des marchands d’armes et des militaires qui trouvent là un nouveau terrain de jeu. Tout comme elle a laissé un dangereux personnage prendre les rênes d’un pays. Un personnage qui a pour rêve de reconstituer l’empire déchu de l’U.R.S.S., un mégalomane qui tient des discours qui ne sont pas sans rappeler ceux d’un moustachu tristement célèbre.

L’Afrique, cette terre qui a vu naitre l’humanité, est exsangue. Pillée, polluée par une poignée de puissances qui lui font, de temps en temps, l’aumône de quelques médicaments ou de quelques vivres. L’Europe, malgré tout le tapage qu’elle fait, n’arrive pas à réaliser son union. Elle peine à endiguer les flux migratoires venus de l’extérieur de ses frontières et sur son propre territoire. Les nationalismes s’exacerbent et leurs discours nauséabonds refleurissent un peu partout. Le laisser-aller, l’indulgence, mais aussi et surtout le mercantilisme ont installé notre monde sur une poudrière dont la mèche est dans les mains de quelques psychopathes, fous de Dieu ou autres que nous ferions bien de tenir à l’œil.

Voilà le monde dans lequel je vis et que ma génération donne à ses enfants. Et ça me désole.

Rédigé par LIOGIER François

Publié dans #BILLETS D'HUMEUR

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article