FABLE: LE LION DEVENU CHAUVE
Publié le 1 Décembre 2012
Un matin, le roi des fauves
S’éveilla complètement chauve
Il se trouva fort marri
De cette soudaine calvitie
Ramassant sa pauvre crinière
Il se rendit à la rivière
De boue, il se barbouilla
Et sa flamboyante couronne, recolla.
Il s’en alla par les chemins
Heureux du tour joué au destin
Las, une fois la boue par le soleil séchée
La crinière eut tôt fait de tomber.
Et le lion, bien morose
En contemplant son crâne tout rose
Se perdit en gémissements
Et en douloureux feulements
Une gazelle vint à passer
Près du monarque tonsuré
« Qu’as-tu donc à te lamenter ? »
Demanda-t-elle au lion vexé
« Ne vois-tu pas que de mon pouvoir,
J’ai perdu le signe ostentatoire ? »
La gazelle observa le félin
Et répondit avec dédain
« As-tu donc tant besoin de paraitre,
Pour te sentir vraiment le maitre ? »
« Ta puissance n’est point dans ta crinière
Il est, pour un roi, d’autres manières
De régner sur le monde, sans partage
Et d’y montrer tout son courage
Le vieux lion en resta coi
Et, se montrant enfin le roi,
Poussa un long et terrible rugissement
Qui fit trembler la jungle et ses habitants
Il en est ainsi de nombre de nos maitres
Qui s’attachent plus à paraitre
Qu’à montrer le courage et la ténacité
Qu'en attendent leurs sujets
Serons-nous donc toujours assez bêtes
Pour désigner à notre tête
Celui qui, sous des atours charmants
Cachera un mécréant?