LES DEUX FERMIERS
Publié le 26 Juillet 2014
Deux fermiers, braves paysans,
Cultivaient gentiment leurs champs.
Pour tout dire, ils étaient voisins,
Partageaient et le labeur et le vin.
Entre semailles et moissons,
Ils s’aidaient en toutes saisons.
Nul ne sait comment débuta la guerre,
Qu’ils se firent pour un bout de terre.
Eux qui, du monde, se disaient les meilleurs amis,
Devinrent, d’un jour à l’autre, les pires ennemis.
Dès que l’un avait le dos tourné,
Ses arpents se trouvaient piétinés.
Sitôt que l’autre s’en allait,
Son champ se voyait ruiné.
Chacun, sur le pré de l’autre avait des visées
En quelques coups de bêches bien placés
Chaque fois que l’occasion se présentait
L’un ou l’autre, chez le voisin cultivait.
Chacun, arguant pour avoir raison,
De l’ancienneté de sa maison
L’un d’eux eut un jour une idée honteuse
Qui eût des conséquences bien malheureuses.
Il posa, au bord de son bien, une haie de barbelés,
N’hésitant pas, sur le champ du voisin à empiéter.
L’autre, mécontent du mauvais tour,
Déplaça la clôture au petit jour.
On se doute de qui arriva le lendemain,
Les jours suivants, du jeu ne virent pas la fin.
Chacun d’un côté de la honteuse clôture,
Les deux fermiers en vinrent aux injures.
Puis, un jour, de leurs pioches armés,
Les paysans s’apprêtèrent à s’affronter.
Tous deux emportés par leur rage
Ne virent pas s’approcher l’orage.
Tombant des nues, la foudre frappa
Et, en tas de cendres les transforma.
Sur le sort de ces deux fermiers,
Il nous faut à présent méditer.
A quoi sert, vaille que vaille,
De se lancer dans de vaines batailles,
Qui ne font ni vainqueur, ni vaincu,
Mais juste des morts et des enfants perdus ?
Convoiter ce qui ne nous appartient pas,
Finit toujours par un combat.
Quel que soit le bout de terre,
Vaut-il autant de larmes et de misère ?